LE MORANE SAULNIER 760  "PARIS"

HISTORIQUE DU MORANE SAULNIER 760 PARIS

Le 26 janvier 1953, Morane-Saulnier fit voler le prototype du MS 755 "Fleuret", un biplace côte-à-côte d'entraînement à réaction, qui fut le concurrent malheureux du Fouga Magister lors d'une commande officielle de l'Etat Français. Bien qu'il eût été éliminé, le Fleuret servi de base au Morane-Saulnier MS 760 "Paris", la firme s'étant orientée vers une version quadriplace de liaison rapide.

Cet avion, d'abord appelé "Fleuret II" puis rebaptisé le "Paris", peut être considéré comme le premier "jet" d'affaire au monde mais aussi comme le premier avion à réaction de transport militaire.

Le prototype initial ayant pris l'air le 29 juillet 1954, 117 exemplaires de série ont ensuite été produits, dont 26 pour l'Armée de l'Air, 14 pour l'Aéronavale, 9 pour le C.E.V (Centre d'Essais en Vol), 12 pour l'Argentine, 30 pour le Brésil (dont 10 de liaison, 12 d'entraînement et 8 de reconnaissance photo), et 26 commandes de clients civils, privés ou d'Etats.

La première version de série fut remplacée en 1961 par le "Paris II" ou MS 760 B, cette version comportant des réacteurs "Marboré" VI de 480 kg de poussée à la place des "Marboré" II de 400 kg de poussée de la première version, la production cessant en 1964 après que 165 appareils eurent été construits, sans compter 36 autres machines vendues à l'Argentine en pièces détachées et assemblées à la Fabrica Militar de Aviones de Cordoba. Par la suite, 23 avions brésiliens seront repris par l'Armée de l'Air, tous les appareils de celle-ci devenant des "Paris" IR et ceux du C.E.V des "Paris" IIR. Une version allongée pour 6 passagers, le Morane-Saulnier MS 760 C1 "Paris" III, a volé le 28 février 1964 mais n'a pas eu de suite.

Performant et maniable, tout en conservant une sécurité maximale du décrochage et de la compressibilité, le Morane-Saulnier MS "Paris" sera adopté par des patrouilles acrobatiques l'Escuadrilla Aguila, l'Escadrille des Aigles de la force aérienne Argentine ou encore l'Esquadrilla da Fumaça de la patrouille acrobatique Brésilienne.

A partir de 1982, les appareils civils en service aux Etats-Unis ont été modifiés en "Paris Jet IV", avec de nouveaux équipements.

En juin 1997, après 38 ans de bons et loyaux services, l'Aéronautique Navale s'est séparée de ses MS 760 "Paris". Une retraite bien méritée pour cet avion robuste et fiable dont la marine déplore seulement deux accidents graves.

Commandés le 18 juillet 1956, les 14 MS "Paris" pour l'Aéronavale seront livrés à partir du 9 février 1959 à l'escadrille 11S, puis aux différentes formations :

  • le C.E.P.A (Commission d'Etude Pratique de l'Aéronautique), basé au centre d'expérimentation de St Raphaël.
  • l'Escadrille 3S, chargée des misions de soutien et de servitude de la 3ème Région Maritime, basée à Hyères.
  • l'Escadrille 11S, escadrille de liaison de l'Etat-Major de la Marine, basée au Bourget.
  • l'Escadrille 2S, escadrille de soutien de la 2ème Région Maritime, basée à Lann-Bihoué.
  • la section réacteurs légers SRL, chargée des liaisons rapides et comme cible radar pour l'entraînement des chasseurs embarqués, basée à Landivisiau.
  • l'Escradille 57S, qui a reçu les avions de la S.R.L est chargée de l'entraînement et de liaisons, basée à Landivisiau.

Sur les 14 appareils livrés à l'Aéronautique Navale, 8 étaient encore en service en 1997. Deux avions ont été détruits lors d'accidents, le n°12 détruit à Hyères le 13 avril 1959 et le n°84 détruit au décollage du Bourget le 23 décembre 1970. Deux autres appareils ont été retirés du service, le n°31 suite à un atterrissage sur le ventre à Lyon-Bron en 1971, et le n°46 accidenté à Rennes. Deux autres MS "Paris" ont été retirés du service en septembre 1981, les n°38 et 47.

Nombre de ces avions sont encore en service de par le monde, (115 machines sur un total de 157 appareils construits volaient encore en 1989).

Le MS 760 N° 32 est actuellement le seul exemplaire en état de vol dans l'hexagone.

Les caractéristiques principales du MORANE SAULNIER 760 PARIS :

  • Nombre de places : 4
  • Envergure : 10 m.
  • Autonomie : 2heures.
  • Moteurs : 2 réacteurs Marboré 2C3 de 400 kg de poussée.
  • Vitesse de croisière : 450 km/h.
  • Date de mise en service : 1959

UN FORMIDABLE PARI

Le Morane Saulnier 760 "Paris" est l'image même de notre action. Il est à lui seul l'emblème de la technologie française et le premier avion à réaction d'affaire au monde. Il a été utilisé pendant trente ans au sein de l'Aéronautique Navale.

Sa cession a été initiée courant septembre 1997 auprès des services de l'Aéronautique Navale et les appareils concernés ont été retirés du service opérationnel le 6 octobre 1997. Seuls sept d'entre eux restaient en état de vol.

Malgré l'intérêt que notre action suscitait, deux problèmes majeurs entravaient la cession des appareils. D'une part , le MS 760 paris possède de l'amiante et d'autre part il est toujours considéré comme avion militaire.

Après plusieurs contacts auprès de la Direction Générale de l'Armement (DGA), nous avons constitué un dossier de démilitarisation. La particularité était que la structure de l'appareil ne devait pas être modifiée pour sa remise en vol ultérieure. Toutes nos propositions ont été acceptées, et nous avons trouvé auprès de M Lartigues de la DGA une oreille attentive et son professionnalisme est sans aucun doute l'une des clés de la réussite du projet.

Le deuxième problème était plus complexe. il a fallu dans un premier temps recenser les éléments amiantés. Les cessions étaient suspendues puisque sous le coup du décret sur l'amiante du 24 décembre 1996, plus connue maintenant pour les véhicules automobiles.

 

Aidés par plusieurs industriels dont l'entreprise Klevers nous avons trouvé les éléments de substitution possédant des caractéristiques similaires à l'amiante. La DGA nous a fournis la localisation exacte de l'amiante.

Nos dossiers finissent par aboutir et la Marine effectue les opérations de démilitarisation et de désamiantage. Il faut souligner que l'état major de la Marine Nationale a toujours été attentif à notre action et son concours a permis la réalisation de notre projet ainsi que la sauvegarde de notre patrimoine aérien.

Dans le même temps nous avons entrepris des démarches pour classer cet appareil comme aéronef de collection.

Nous avons également acquis auprès des domaines quelques pièces de MS 760 qui furent déclassées et cédées avant la vente des avions. Restant motivé nous n’avons pas hésité pour achater de ces pièces alors que la cession de l’appareil restait toujours en suspend.

Septembre 2000 le MS 760  "Paris" après inspection ne relève plus des dispositions du décret-loi du 18 avril 1939 fixant le régime des matériels de guerre, armes et munitions, en un mot il devient un appareil civil, le pari est en passe d'être gagné.

Fin de l'année 2000 le dossier est transmis à la Direction Nationale d'Intervention Domaniale (D.N.I.D). Coup de théâtre, les cessions amiables sont suspendues et soumises à l'avis du ministre de l'économie et des finances.

Nous reprenons alors contact avec toutes les personnes nous ayant soutenues depuis le début de notre projet : La ligue Française des Avions de Collections (L.F.A.C), la Commission du Patrimoine à l'Aéro-Club de France, le Ministère de la Culture, et des élus locaux.

Nous avons fait jouer le fait que notre association s'était toujours impliquée de façon très active dans toutes les actions visant à la sauvegarde de ces appareils et que, d'une certaine manière, nous avions travaillé pour l'ensemble des appareils restant sur le sol français. En effet, le Morane Saulnier 760 numéro 40 destiné au Musée de l'Air et de l'Espace, tout comme le Morane Saulnier numéro 42 destiné au Lycée T.Corbière de Morlaix ont dû subir l'opération de désamiantage et de démilitarisation.

Possédant la documentation complète de l'avion, nous avions pu montrer notre savoir faire en aidant le Lycée T.Corbière à démonter son appareil.

Parallèlement, des démarches avaient été entreprises auprès de la DGAC ( Direction Générale de l'Aviation Civile ) et du GSAC ( Groupement Sécurité Aviation Civile ) pour constituer une Unité d'Entretien Agrée nous permettant ainsi un suivi technique.

Octobre 2001, et après quelques dizaines de courriers l'achat est enfin officialisé.

Le transport nous a obligé à un démontage complet de l'appareil et l'association début octobre prend possession de l'avion.

Après avoir subit une grande visite, le premier vol "civil" du MS 760 Paris N° 32,  sera effectué le 27 mai 2003 sur l'aérodrome de Morlaix-Ploujean.

le PARIS est enfin Gagné.